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Citation de science-technologie le 14 avril 2024, 11h14Naturellement bleu
Un colorant alimentaire provenant d'un fruit d'Amérique du Sud “Le Jagua" nous sert d'exemple pour examiner de manière éthique un nouveau processus possible de développement des ressources naturelles de la planète.
À Anza, Antioquia en Colombie, situé à quelques kilomètres de Medellin, les Emberá ont utilisé la pulpe du fruit de l’arbre Jagua “le Huito” pour peindre leur peau depuis des générations. Les veines bleuâtres de la pulpe du Huito contiennent un colorant utilisé pour la peinture corporelle. Pour l'extraire, ils doivent racler la chair du fruit non mûr et presser la pulpe dans une feuille roulée, obtenant ainsi un jus blanc laiteux. En le mélangeant avec du charbon de bois, le liquide prend une teinte noire de jais et peut être utilisé pour dessiner des motifs sur la peau. La sève réagit avec la peau pour former des lignes bleu foncé qui apparaissent en quelques heures et restent visibles pendant des semaines. Cette encre est utilisée lors de certains rituels, comme la peinture d'un nouveau-né de la tête aux pieds pour assurer sa santé. Dans cette région, les guérisseurs traditionnels, appelés "les jaibanas", dessinent sur la peau des motifs tels que des montagnes, des serpents et d'autres motifs, chacun ayant une signification différente.
Cet arbre, connu sous plusieurs noms, notamment Quepera et Jagua dans la plupart des autres régions de Colombie, est identifié scientifiquement sous le nom de Genipa americana, le fruit est connu sous le nom de Huito. Il arrive parfois que le fruit mûr soit parfois consommé ou pressé pour en extraire du jus, mais son goût peu attrayant n'a suscité aucun intérêt auprès des consommateurs, contrairement à son parent, le caféier. Cependant, après près de deux décennies de recherche visant à identifier les origines chimiques de la couleur bleue et à la convertir en un colorant stable, un colorant à base de jagua est sur le point d'être approuvé pour une utilisation aux États-Unis et dans d'autres pays.
Ce colorant naturel devrait pénétrer un marché mondial des colorants estimé à un milliard de dollars, qui recherche activement un bleu vif et stable pour colorer une variété d'aliments, notamment des bonbons, des céréales et d'autres produits. Parallèlement, cette initiative représente un cas d'étude pour le développement responsable d'une ressource naturelle longtemps exploitée par les communautés autochtones.
La commercialisation de ce colorant devrait contribuer à la conservation de la biodiversité et à l'amélioration des moyens de subsistance en Colombie. Cette démarche novatrice est scrutée de près dans le pays. Cependant, plusieurs incertitudes persistent, notamment la durabilité et l'accessibilité de la récolte du fruit dans les forêts tropicales. De plus, il reste à voir si le colorant de jagua pourra s'imposer sur le marché. En outre, les avantages concrets que les communautés locales, notamment les Emberá, pourront en tirer demeurent une question importante, surtout dans une région où de nombreuses personnes dépendent de l'extraction de l'or et du platine pour leur subsistance.
L'intérêt pour un colorant bleu naturel et stable a depuis longtemps échappé à l'industrie alimentaire. Jusqu'à présent, celle-ci a largement utilisé deux colorants synthétiques, le bleu brillant, fabriqué à partir de pétrole, et le bleu 2, dérivé de l'indigo synthétique, ce dernier utilisé notamment pour colorer les pilules de Viagra. Cependant, avec la préférence croissante des consommateurs pour les produits naturels, la demande d'un colorant bleu non synthétique est en hausse. Le bleu est recherché non seulement pour sa propre couleur, mais aussi parce qu'il peut être mélangé avec du jaune pour produire un vert vif, une teinte également très prisée.
Assiette de Fruits bleu de Jagua
Les colorants bleus vifs sont une rareté dans le règne végétal. Il apparaît que la synthèse de pigments bleus est un processus complexe pour les plantes. Pour qu'une molécule soit perçue comme bleue par l'œil humain, elle doit absorber la partie de plus basse énergie du spectre visible, à savoir la lumière rouge. Ce processus chimique implique la création de molécules complexes, souvent de taille importante et comportant de nombreuses chaînes latérales.
Seule une classe de pigments végétaux, les anthocyanines, a réussi à produire un véritable bleu. Par exemple, la centaurée bleuet forme un complexe important composé de six anthocyanines et six co-pigments disposés en forme de rayons autour de quatre ions métalliques. Des tentatives ont été faites pour développer le bleu de la centaurée bleuet comme colorant pour l'industrie alimentaire. Malgré des résultats prometteurs, la complexité de cette méthode rend son application dans la production alimentaire industrielle peu praticable. Il est donc préférable de rechercher des solutions plus simples et directement applicables à divers aliments.
Des recherches antérieures ont suggéré que le composé appelé génipine produisait la couleur bleue en réagissant avec les acides aminés. Il reste encore à travailler sur la standardisation du processus et sur sa réduction de coûts. La glycine, l'acide aminé le moins cher et le plus simple disponible, s'est avérée être efficace. Un organisme de recherche à obtenu un brevet aux États-Unis pour un colorant bleu dérivé du fruit de Genipa americana. Ce brevet décrit un processus simple : mélanger le jus de fruit brut avec de la glycine et le chauffer.
/// L’élément chimique contenu dans le fruit de jagua, nommé genipine, entre en réaction avec la glycine afin de générer un polymère long et stable, aboutissant à la production d'un bleu très recherché. ///
La standardisation de la couleur bleu est très difficile.
En comparant les fruits de différentes régions et même du même arbre. On a constaté que les concentrations de génipine varient considérablement, de 1 % à 14 %. La solution retenue pour à été de développé une méthode pour mélanger les différents lots récoltés pour créer une couleur plus homogène.
l'identification de la molécule produite par la réaction de la génipine et de la glycine est un énorme effort. Suite à plusieurs années de recherches, on à pu déterminer que le composé principal est un polymère, une longue chaîne de mêmes blocs moléculaires répétée des dizaines de fois. Un brevet américain à certes été obtenu, mais pas dans le but de créer un colorant naturel, il a pu être breveté uniquement parce que le polymère lui-même n'est pas trouvé dans la nature et cela nécessite l'intervention humaine pour le créer, il faut le mélanger avec de la glycine.
Le colorant à d’abord été caractérisé, puis on lui à fait subir des tests de toxicologie. Ceci ayant pour but que la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis approuve le bleu de jaguar comme colorant alimentaire. en parallèle d’une autre demande d'approbation auprès de l'Autorité européenne de sécurité des aliments et d'un organisme intergouvernemental connu sous le nom de Commission du Codex Alimentarius.
En 2023, la FDA a de nouveau approuvé cette nouvelle couleur bleue naturelle "Bleu Jaguar", qui est extrait du fruit Huito.
Il faut rappeler que la FDA avait déja approuvé en 2021, l'extrait aqueux de Clitoria Ternatea comme additif de couleur bleue naturelle.
/// D'après les informations communiquées par la FDA, les demandes approuvées incluent une variété de produits tels que le lait aromatisé coloré, les boissons et substituts de lait, les yaourts et substituts de yaourt, la crème glacée et les desserts surgelés à base de lait, les puddings, les gélatines, les glaces, les sorbets, les céréales multicolores prêtes à manger, les chips aromatisées, les tortillas, les chips de maïs et autres snacks, les bonbons et chewing-gums, les boissons non alcoolisées aromatisées aux fruits, les boissons nutritives et les smoothies, les tartinades aromatisées au fromage à la crème, ainsi que les glaçages, les confitures, les sirops et les garnitures aux fruits. Toutefois, il est spécifié que la quantité de bleu jagua ne doit pas dépasser les niveaux conformes aux bonnes pratiques de fabrication. ///
La société EcoFlora a récemment orienté ses activités vers des régions situées en dehors du Chocó. Dans les collines environnant la petite ville d'El Prodigio, à environ 3 heures de route de Medellín, des agriculteurs non autochtones se sont historiquement consacrés à l'élevage de bétail et à la culture du café, du cacao et des agrumes. Récemment, certains d'entre eux ont décidé d'intégrer la culture du jagua dans leurs pratiques agricoles pour produire du Huito, une teinture issue du fruit du jagua. Auparavant, l'arbre Jagua était principalement perçu comme une ressource pour la production de bois. Un changement de perspective s'avère nécessaire, impliquant un programme bien défini axé sur la rentabilité. Actuellement, le programme d'EcoFlora vise à encourager les agriculteurs à planter environ 1 hectare d'arbres de jagua chaque année. Pour ce faire, la société fournit des semences, une assistance technique, et s'engage à acheter les fruits destinés à la production de colorant bleu.
Ces plantations de jagua représentent une première dans le domaine commercial à l'échelle mondiale pour EcoFlora. Toutefois, de nombreuses questions restent à résoudre. Par exemple, quel est l'espacement optimal entre les arbres ? Quel est le délai avant que les arbres ne produisent des fruits en quantité significative ? Les arbres Jagua ont été plantés il y a un peu plus de 3 ans et sont sur le point de donner leur première récolte. Cependant, maintenir l'engagement des communautés dans ce processus de culture sur plusieurs années reste un défi de taille, d'autant plus qu'il n'y a pas encore de bénéfices tangibles à partager.
Nouvelle source de couleur
Une entreprise basée à Medellín, en Colombie, travaille à commercialiser un colorant alimentaire bleu dérivé du fruit de jagua, longtemps utilisé par les autochtones Emberá dans la région du Chocó. Par ailleurs, l'entreprise encourage des agriculteurs non autochtones à cultiver ce fruit.
Les plantations représentent une modification significative dans l'approche de l'utilisation des arbres de jagua sauvages dans la région du Chocó comme unique source de colorant bleu. Lors de la procédure de demande de brevet, la société EcoFlora a affirmé que les fruits étaient obtenus en accord avec les communautés ethniques, et que celles-ci partageraient ensuite les bénéfices. Cependant, l'organisation logistique reste à organiser, notamment la collecte des fruits sur les arbres sauvages et leur transport jusqu'à l'usine de Medellín.
La transition vers des plantations induit une probabilité de changement de paradigme, notamment en ce qui concerne la conservation des arbres au sein des communautés locales. Ce changement soulève une problématique majeure : qui bénéficiera du succès du bleu jagua ? Par le passé, l'exploitation de la biodiversité dans les régions du Sud global s'est souvent traduite par une appropriation de ressources sans reconnaissance des communautés locales ni partage des bénéfices issus de leur utilisation.
Les avancées réglementaires internationales, telles que la Convention sur la Diversité Biologique et le Protocole de Nagoya, ont établi des directives visant à garantir que les bénéfices découlant de l'exploitation des ressources génétiques soient partagés de manière équitable avec les pays d'origine. Cependant, lorsque EcoFlora a initié son projet de commercialisation du bleu jagua au début des années 2000, ces directives n'étaient pas encore pleinement en vigueur.
En conséquence, EcoFlora a négocié directement avec les communautés locales du Chocó pour obtenir leur consentement, puis a signé un accord avec le gouvernement colombien pour exploiter le jagua en échange de redevances. Cette approche, bien que conforme à l'esprit des réglementations émergentes, suscite encore des questions quant à la reconnaissance et à la participation des communautés autochtones dans le processus de développement et de commercialisation du bleu jagua.
Il s'agit donc d'un des premiers accords de ce type conclu avec l'État de Colombie. Cet accord revêt probablement une importance capitale en Colombie et a donc été étroitement surveillé par le gouvernement colombien. Cependant, malgré cela, les peuples autochtones n'ont pas encore reçu une reconnaissance significative de la part de l'État.
La vision originale d'EcoFlora est maintenue dans la ville de Polines, où l'entreprise achète certains fruits récoltés par la communauté sur les arbres sauvages et aide également les habitants à planter des arbres. Cela deviendra une source de revenus importante pour tous dans un avenir proche. Récemment, certains agriculteurs ont planté leurs premiers arbres de jagua. Cependant, à l'heure actuelle, il n'y a pas d'accord de redevances avec les Emberá, ni de coopération avec d'autres communautés. Il est à noter qu'un des rares accords de ce type dans le monde a été signé en 2019, lorsque l'industrie du thé rooibos d'Afrique du Sud a accepté de verser des redevances importantes aux peuples San et Khoikhoi, qui l'utilisent traditionnellement pour faire du thé et des médicaments à base de plantes. À l'avenir, il est souhaitable d'inclure davantage de communautés Emberá. Cependant, l'utilisation du colorant Huito comme peinture corporelle demeure ancrée dans les traditions autochtones.
/// À Anza en Colombie. Un groupe d'une tribu "les jaibanas" pratiquent une danse de cérémonie, la peau recouvert de BLEU DE JAGUA ///
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Naturellement bleu
Un colorant alimentaire provenant d'un fruit d'Amérique du Sud “Le Jagua" nous sert d'exemple pour examiner de manière éthique un nouveau processus possible de développement des ressources naturelles de la planète.
À Anza, Antioquia en Colombie, situé à quelques kilomètres de Medellin, les Emberá ont utilisé la pulpe du fruit de l’arbre Jagua “le Huito” pour peindre leur peau depuis des générations. Les veines bleuâtres de la pulpe du Huito contiennent un colorant utilisé pour la peinture corporelle. Pour l'extraire, ils doivent racler la chair du fruit non mûr et presser la pulpe dans une feuille roulée, obtenant ainsi un jus blanc laiteux. En le mélangeant avec du charbon de bois, le liquide prend une teinte noire de jais et peut être utilisé pour dessiner des motifs sur la peau. La sève réagit avec la peau pour former des lignes bleu foncé qui apparaissent en quelques heures et restent visibles pendant des semaines. Cette encre est utilisée lors de certains rituels, comme la peinture d'un nouveau-né de la tête aux pieds pour assurer sa santé. Dans cette région, les guérisseurs traditionnels, appelés "les jaibanas", dessinent sur la peau des motifs tels que des montagnes, des serpents et d'autres motifs, chacun ayant une signification différente.
Cet arbre, connu sous plusieurs noms, notamment Quepera et Jagua dans la plupart des autres régions de Colombie, est identifié scientifiquement sous le nom de Genipa americana, le fruit est connu sous le nom de Huito. Il arrive parfois que le fruit mûr soit parfois consommé ou pressé pour en extraire du jus, mais son goût peu attrayant n'a suscité aucun intérêt auprès des consommateurs, contrairement à son parent, le caféier. Cependant, après près de deux décennies de recherche visant à identifier les origines chimiques de la couleur bleue et à la convertir en un colorant stable, un colorant à base de jagua est sur le point d'être approuvé pour une utilisation aux États-Unis et dans d'autres pays.
Ce colorant naturel devrait pénétrer un marché mondial des colorants estimé à un milliard de dollars, qui recherche activement un bleu vif et stable pour colorer une variété d'aliments, notamment des bonbons, des céréales et d'autres produits. Parallèlement, cette initiative représente un cas d'étude pour le développement responsable d'une ressource naturelle longtemps exploitée par les communautés autochtones.
La commercialisation de ce colorant devrait contribuer à la conservation de la biodiversité et à l'amélioration des moyens de subsistance en Colombie. Cette démarche novatrice est scrutée de près dans le pays. Cependant, plusieurs incertitudes persistent, notamment la durabilité et l'accessibilité de la récolte du fruit dans les forêts tropicales. De plus, il reste à voir si le colorant de jagua pourra s'imposer sur le marché. En outre, les avantages concrets que les communautés locales, notamment les Emberá, pourront en tirer demeurent une question importante, surtout dans une région où de nombreuses personnes dépendent de l'extraction de l'or et du platine pour leur subsistance.
L'intérêt pour un colorant bleu naturel et stable a depuis longtemps échappé à l'industrie alimentaire. Jusqu'à présent, celle-ci a largement utilisé deux colorants synthétiques, le bleu brillant, fabriqué à partir de pétrole, et le bleu 2, dérivé de l'indigo synthétique, ce dernier utilisé notamment pour colorer les pilules de Viagra. Cependant, avec la préférence croissante des consommateurs pour les produits naturels, la demande d'un colorant bleu non synthétique est en hausse. Le bleu est recherché non seulement pour sa propre couleur, mais aussi parce qu'il peut être mélangé avec du jaune pour produire un vert vif, une teinte également très prisée.
Assiette de Fruits bleu de Jagua
Les colorants bleus vifs sont une rareté dans le règne végétal. Il apparaît que la synthèse de pigments bleus est un processus complexe pour les plantes. Pour qu'une molécule soit perçue comme bleue par l'œil humain, elle doit absorber la partie de plus basse énergie du spectre visible, à savoir la lumière rouge. Ce processus chimique implique la création de molécules complexes, souvent de taille importante et comportant de nombreuses chaînes latérales.
Seule une classe de pigments végétaux, les anthocyanines, a réussi à produire un véritable bleu. Par exemple, la centaurée bleuet forme un complexe important composé de six anthocyanines et six co-pigments disposés en forme de rayons autour de quatre ions métalliques. Des tentatives ont été faites pour développer le bleu de la centaurée bleuet comme colorant pour l'industrie alimentaire. Malgré des résultats prometteurs, la complexité de cette méthode rend son application dans la production alimentaire industrielle peu praticable. Il est donc préférable de rechercher des solutions plus simples et directement applicables à divers aliments.
Des recherches antérieures ont suggéré que le composé appelé génipine produisait la couleur bleue en réagissant avec les acides aminés. Il reste encore à travailler sur la standardisation du processus et sur sa réduction de coûts. La glycine, l'acide aminé le moins cher et le plus simple disponible, s'est avérée être efficace. Un organisme de recherche à obtenu un brevet aux États-Unis pour un colorant bleu dérivé du fruit de Genipa americana. Ce brevet décrit un processus simple : mélanger le jus de fruit brut avec de la glycine et le chauffer.
/// L’élément chimique contenu dans le fruit de jagua, nommé genipine, entre en réaction avec la glycine afin de générer un polymère long et stable, aboutissant à la production d'un bleu très recherché. ///
La standardisation de la couleur bleu est très difficile.
En comparant les fruits de différentes régions et même du même arbre. On a constaté que les concentrations de génipine varient considérablement, de 1 % à 14 %. La solution retenue pour à été de développé une méthode pour mélanger les différents lots récoltés pour créer une couleur plus homogène.
l'identification de la molécule produite par la réaction de la génipine et de la glycine est un énorme effort. Suite à plusieurs années de recherches, on à pu déterminer que le composé principal est un polymère, une longue chaîne de mêmes blocs moléculaires répétée des dizaines de fois. Un brevet américain à certes été obtenu, mais pas dans le but de créer un colorant naturel, il a pu être breveté uniquement parce que le polymère lui-même n'est pas trouvé dans la nature et cela nécessite l'intervention humaine pour le créer, il faut le mélanger avec de la glycine.
Le colorant à d’abord été caractérisé, puis on lui à fait subir des tests de toxicologie. Ceci ayant pour but que la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis approuve le bleu de jaguar comme colorant alimentaire. en parallèle d’une autre demande d'approbation auprès de l'Autorité européenne de sécurité des aliments et d'un organisme intergouvernemental connu sous le nom de Commission du Codex Alimentarius.
En 2023, la FDA a de nouveau approuvé cette nouvelle couleur bleue naturelle "Bleu Jaguar", qui est extrait du fruit Huito.
Il faut rappeler que la FDA avait déja approuvé en 2021, l'extrait aqueux de Clitoria Ternatea comme additif de couleur bleue naturelle.
/// D'après les informations communiquées par la FDA, les demandes approuvées incluent une variété de produits tels que le lait aromatisé coloré, les boissons et substituts de lait, les yaourts et substituts de yaourt, la crème glacée et les desserts surgelés à base de lait, les puddings, les gélatines, les glaces, les sorbets, les céréales multicolores prêtes à manger, les chips aromatisées, les tortillas, les chips de maïs et autres snacks, les bonbons et chewing-gums, les boissons non alcoolisées aromatisées aux fruits, les boissons nutritives et les smoothies, les tartinades aromatisées au fromage à la crème, ainsi que les glaçages, les confitures, les sirops et les garnitures aux fruits. Toutefois, il est spécifié que la quantité de bleu jagua ne doit pas dépasser les niveaux conformes aux bonnes pratiques de fabrication. ///
La société EcoFlora a récemment orienté ses activités vers des régions situées en dehors du Chocó. Dans les collines environnant la petite ville d'El Prodigio, à environ 3 heures de route de Medellín, des agriculteurs non autochtones se sont historiquement consacrés à l'élevage de bétail et à la culture du café, du cacao et des agrumes. Récemment, certains d'entre eux ont décidé d'intégrer la culture du jagua dans leurs pratiques agricoles pour produire du Huito, une teinture issue du fruit du jagua. Auparavant, l'arbre Jagua était principalement perçu comme une ressource pour la production de bois. Un changement de perspective s'avère nécessaire, impliquant un programme bien défini axé sur la rentabilité. Actuellement, le programme d'EcoFlora vise à encourager les agriculteurs à planter environ 1 hectare d'arbres de jagua chaque année. Pour ce faire, la société fournit des semences, une assistance technique, et s'engage à acheter les fruits destinés à la production de colorant bleu.
Ces plantations de jagua représentent une première dans le domaine commercial à l'échelle mondiale pour EcoFlora. Toutefois, de nombreuses questions restent à résoudre. Par exemple, quel est l'espacement optimal entre les arbres ? Quel est le délai avant que les arbres ne produisent des fruits en quantité significative ? Les arbres Jagua ont été plantés il y a un peu plus de 3 ans et sont sur le point de donner leur première récolte. Cependant, maintenir l'engagement des communautés dans ce processus de culture sur plusieurs années reste un défi de taille, d'autant plus qu'il n'y a pas encore de bénéfices tangibles à partager.
Nouvelle source de couleur
Une entreprise basée à Medellín, en Colombie, travaille à commercialiser un colorant alimentaire bleu dérivé du fruit de jagua, longtemps utilisé par les autochtones Emberá dans la région du Chocó. Par ailleurs, l'entreprise encourage des agriculteurs non autochtones à cultiver ce fruit.
Les plantations représentent une modification significative dans l'approche de l'utilisation des arbres de jagua sauvages dans la région du Chocó comme unique source de colorant bleu. Lors de la procédure de demande de brevet, la société EcoFlora a affirmé que les fruits étaient obtenus en accord avec les communautés ethniques, et que celles-ci partageraient ensuite les bénéfices. Cependant, l'organisation logistique reste à organiser, notamment la collecte des fruits sur les arbres sauvages et leur transport jusqu'à l'usine de Medellín.
La transition vers des plantations induit une probabilité de changement de paradigme, notamment en ce qui concerne la conservation des arbres au sein des communautés locales. Ce changement soulève une problématique majeure : qui bénéficiera du succès du bleu jagua ? Par le passé, l'exploitation de la biodiversité dans les régions du Sud global s'est souvent traduite par une appropriation de ressources sans reconnaissance des communautés locales ni partage des bénéfices issus de leur utilisation.
Les avancées réglementaires internationales, telles que la Convention sur la Diversité Biologique et le Protocole de Nagoya, ont établi des directives visant à garantir que les bénéfices découlant de l'exploitation des ressources génétiques soient partagés de manière équitable avec les pays d'origine. Cependant, lorsque EcoFlora a initié son projet de commercialisation du bleu jagua au début des années 2000, ces directives n'étaient pas encore pleinement en vigueur.
En conséquence, EcoFlora a négocié directement avec les communautés locales du Chocó pour obtenir leur consentement, puis a signé un accord avec le gouvernement colombien pour exploiter le jagua en échange de redevances. Cette approche, bien que conforme à l'esprit des réglementations émergentes, suscite encore des questions quant à la reconnaissance et à la participation des communautés autochtones dans le processus de développement et de commercialisation du bleu jagua.
Il s'agit donc d'un des premiers accords de ce type conclu avec l'État de Colombie. Cet accord revêt probablement une importance capitale en Colombie et a donc été étroitement surveillé par le gouvernement colombien. Cependant, malgré cela, les peuples autochtones n'ont pas encore reçu une reconnaissance significative de la part de l'État.
La vision originale d'EcoFlora est maintenue dans la ville de Polines, où l'entreprise achète certains fruits récoltés par la communauté sur les arbres sauvages et aide également les habitants à planter des arbres. Cela deviendra une source de revenus importante pour tous dans un avenir proche. Récemment, certains agriculteurs ont planté leurs premiers arbres de jagua. Cependant, à l'heure actuelle, il n'y a pas d'accord de redevances avec les Emberá, ni de coopération avec d'autres communautés. Il est à noter qu'un des rares accords de ce type dans le monde a été signé en 2019, lorsque l'industrie du thé rooibos d'Afrique du Sud a accepté de verser des redevances importantes aux peuples San et Khoikhoi, qui l'utilisent traditionnellement pour faire du thé et des médicaments à base de plantes. À l'avenir, il est souhaitable d'inclure davantage de communautés Emberá. Cependant, l'utilisation du colorant Huito comme peinture corporelle demeure ancrée dans les traditions autochtones.
/// À Anza en Colombie. Un groupe d'une tribu "les jaibanas" pratiquent une danse de cérémonie, la peau recouvert de BLEU DE JAGUA ///