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Des graines nomades

/// Avant l'arrivée des Européens en Australie, il y a des millénaires, nos ancêtres ont contribué à façonner la dispersion des plantes sur le continent. /// Crédit photo : S&T / FreePik

Graines nomades

Avant l’arrivée des Européens en Australie, il y a des millénaires, nos ancêtres ont contribué à façonner la distribution des plantes sur le continent.
https://www.science-technologie.com/

En Australie, l’arbre haricot noir peut facilement passer inaperçu malgré sa taille impressionnante. Chaque novembre, ses feuilles sombres se parent de magnifiques fleurs rouges et oranges, avant que des gousses cylindriques ne libèrent des graines larges comme des bananes six mois plus tard.

La graine, presque aussi lourde qu’une souris, peut flotter et dériver loin de l’arbre mère lorsqu’elles tombent dans l’eau. Cependant, leur dispersion par le vent ou par les animaux est limitée, ce qui pose un mystère : comment ces arbres se retrouvent-ils également sur des crêtes éloignées des rivières ? Cette question a suscité l’intérêt d’un écologiste évolutionniste au Jardin botanique royal de Sydney.

Une première hypothèse serait que ces zones inhabituelles étaient les restes de forêts créées il y a longtemps par de grands animaux désormais éteints, qui autrefois dispersaient les graines d’haricot noir à travers l’est de l’Australie. on savait que la plupart des plantes à grosses graines considérées comme ayant perdu leurs “distributeurs” d’autrefois, étaient maintenant confinées à de petites zones, mais les arbres à haricot noir sont répandus. Les Australiens préhistoriques, arrivés sur le continent il y a au moins 50 000 ans, sont envisagés comme le facteur possible de leur dispersion.

Un équipe de scientifiques habitué à utiliser des données génétiques pour retracer les distributions historiques des plantes australiennes, a sollicité l’aide des Australiens autochtones qui utilisent l’arbre haricot noir dans leur alimentation et leurs rituels. On savait que les récits autochtones étaient aussi précieux que des analyses génétiques. En collaborant avec les peuples autochtones, l’équipe à fusionné histoires orales, connaissances autochtones et données scientifiques pour démêler les relations étroites entre les plantes et les peuples d’Australie.

De plus en plus, on reconnaît l’importance de consulter les peuples qui habitent ces terres depuis des millénaires pour reconstruire l’évolution écologique de l’Australie. Avec une autre équipe australienne qui travaille avec des partenaires autochtones pour comprendre comment d’autres plantes d’importance culturelle ont atteint leurs distributions actuelles. Ensemble, ils ont découvert que les distributions apparemment naturelles de certaines plantes reflètent probablement les pratiques traditionnelles des premiers Australiens. Ils ont ainsi réalisé que de plus en plus nos conceptions des gammes dites “sauvages” des espèces ne prenaient pas en compte les activités humaines traditionnelles.

Ces découvertes pourraient contribuer à la conservation des plantes et à leur adaptation au changement climatique. Elles sont le reflet de révélations similaires concernant d’autres plantes en Amérique du Sud. De plus, cette recherche met en lumière la sophistication méconnue des populations autochtones qui ont occupé ces paysages bien avant l’arrivée des Européens. En Australie, cette approche remet en question les idées préconçues selon lesquelles les peuples autochtones étaient des nomades sans but.

Les humains font partie intégrante des écosystèmes australiens depuis longtemps. Cependant, ce n’est que récemment que les écologistes ont commencé à réellement tenir compte de cette dimension.

Pour retracer le parcours de l’arbre haricot noir, il a d’abord fallu examiner la littérature et rechercher des témoignages ou des recits des premiers colons européens sur l’utilisation de l’espèce par les Aborigènes. D’autres ont interviewé cinq gardiens du savoir autochtones. Ils ont expliqué un rituel impliquant le trempage des graines écrasées dans une rivière pour les détoxifier afin qu’elles puissent être consommées. Ils ont également évoqué les “lignes de chant”, des récits mémorisés pour naviguer, et une de ces lignes a décrit comment un esprit ancestral transportait un sac de haricots noirs à travers le pays. Ces connaissances ont été utilisé pour prédire des itinéraires, confirmant que des crêtes marquaient la frontière entre les États du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud, où les arbres haricot noir poussent aujourd’hui. En outre, les chercheurs ont découvert que les Aborigènes enterraient souvent des graines d’haricot noir lors de leurs déplacements.

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/// Ces graines d'haricot noir etaient trop massives pour être disséminées par les animaux, elles ont certainement été répandues par les populations Arborigéne. ///

Les données génétiques concordent étonnamment bien avec les récits oraux. Les feuilles d’arbres haricot noir collectées dans divers sites, y compris des lieux de campement traditionnels juste en dessous des crêtes montagneuses, présentaient des séquences d’ADN chloroplastique et ribosomal très similaires, indiquant que même les arbres dans des bassins versants séparés partageaient un ancêtre commun. Cette dispersion rapide sur quelques millénaires semble logique selon Costello.

En revanche, les séquences d’ADN des arbres haricot noir dans des régions plus humides et tropicales plus au nord, où les liens culturels autochtones avec l’arbre sont moins forts, montraient moins de similitudes, suggérant un rôle moindre des peuples préhistoriques dans la dispersion des graines. Désormais, comprendre comment ces plantes ont été introduites peut aider à orienter les futurs efforts de conservation. Il arrive souvent que des chercheurs, souvent de passage, peuvent manquer les subtilités et les changements environnementaux à long terme que les peuples autochtones connaissent bien.

Une équipe s’est concentrée sur la région floristique du sud-ouest de l’Australie, une zone de biodiversité exceptionnelle classée réserve de biosphère par les Nations Unies en raison de sa richesse en espèces uniques. Le paysage comprend des landes, des forêts d’eucalyptus et des formations granitiques avec des sources d’eau importantes pour les peuples autochtones.

Ils y ont étudié trois espèces de plante de la famille des Apiaceae, dont deux étaient historiquement récoltées par les peuples autochtones : le “YOOWAK”, qui pousse sur les plaines de sable, et le “ROCK YOULK” car il pousse sur les formations rocheuses. La troisième espèce, “P. EFFUSA”, n’est pas comestible en raison de l’absence de tubercules.

Des analyses ADN ont été réalisées sur ces espèces dans de nombreux sites. Les séquences du “YOOWAK” étaient très similaires malgré la variabilité des sols, tandis que le “ROCK YOULK” présentait une homogénéité génétique uniquement dans sa partie sud-est. En revanche, “P. EFFUSA” montrait de grandes différences génétiques.

Ce schéma suggère que les humains déplaçaient le “YOOWAK”, mais pas le “P. EFFUSA”, d’un endroit à un autre. Ces découvertes soulignent l’impact culturel sur la distribution des espèces végétales.

Intégrer les savoirs autochtones dans les projets de recherche peut offrir des perspectives précieuses, mais cela peut être un défi pour les écologistes qui doivent s’adapter à de nouvelles méthodes de travail. Pour tracer l’histoire d’un arbre d’importance culturelle en 2018, il est indispensable de faire appel à des experts ayant une expérience dans le travail avec les communautés autochtones sur des questions de santé et sociales.

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/// Un tubercule traditionnellement important dans la culture de Cummings /// Photo : FreePik
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/// Des chercheuses qui tentent de démêler l'histoire de l’expansion du “ROCK YOULK” /// Photo : FreePik

Tous étaient enthousiastes d’aider à retracer la dispersion de l’Araucaria bidwillii, un conifère massif également connu sous les noms bunya-bunya, arbre casse-tête, Bonyee et Bonyi-Bonyi. Originaire de régions du Queensland, cet arbre est réputé pour ses cônes riches en graines nutritives, autrefois essentiels pour les peuples autochtones lors de festivals. Malgré les difficultés initiales à obtenir des informations, les gens se sont montrés intéressés à partager leurs connaissances d’après un projet précédent sur les haricots noirs. La collaboration avec les communautés autochtones est comparable à peler un oignon.

Comme pour l’arbre haricot noir, il existe une forte corrélation entre les connaissances autochtones et les données génétiques et de distribution du Bunya, les preuves suggèrent que les populations de Bunya étaient dispersées dans le sud-est du Queensland avant l’arrivée des Européens, mais étaient limitées dans le nord. Les données génétiques montrent une similitude entre les peuplements du sud, suggérant une influence humaine, tandis que ceux du nord sont génétiquement distincts, indiquant peu d’intervention humaine.

Les connaissances autochtones appuient cette observation. Dans le nord, il n’y a pas de récits sur l’utilisation ou la célébration du bunya, et des preuves archéologiques montrent une consommation d’autres espèces de noix par les populations préhistoriques. Cela pourrait expliquer pourquoi le Bunya n’a pas eu autant d’impact dans le nord que dans le sud.

Jadis, les familles contrôlaient la distribution des graines de Bunya dans le sud, mais après la colonisation européenne, la dispersion forcée des familles aborigènes a entraîné une plus grande propagation des Bunyas, plantés sur les terres des missions. La confirmation par les données génétiques des récits autochtones renforce la confiance dans ces connaissances traditionnelles.

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